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CLOAREC Christian 1[1]

 

                                                                                       Christian Cloarec

 

"Enfantement" fait partie de mes premières pièces de théâtre... Une lecture publique a été donnée avec un comédien de premier plan : Christian Cloarec de la Comédie Française.

 

 

Pièce allégorique pour quatre comédiens, deux hommes et deux femmes.

L'artiste peintre, la vieille clocharde, la jeune cadre d'entreprise, le serveur.

Le monde de la création, de l'exclusion, du profit, de la servilité.

Condensé des luttes tant des sexes que des classes, des âges, etc. Chaque personnage, dans son désordre et son malaise intime, se crispe sur lui-même et son langage. L'interdépendance pourtant est inéluctable et salvatrice. Il en germera un enfantement symbole d'espoir, en dépit des déchirements. Oscillation entre trivialité et poésie, tension, risque de bascule. L'urgence ne fait pas place au discours poli et convenu, elle laisse échapper des excès qui finalement s'avèrent féconds. 

 

                                       Extrait... 

Elle A

Je suis venue en espèrant te voir. Je veux te dire une chose importante.

Lui

Hé bien voilà, je suis là ! Heureuse ?

Elle A

Oui. Et toi, n’es-tu pas heureux de me voir ?

Lui

(Il s’asseoit) J’en suis heureux. Mais ce n’est pas un bon bonheur, alors j’en suis malheureux.

Elle A

Comment peux-tu dire cela ?

Lui

Tu me donnes des vertiges. Tu me courtises en agitant ton portefeuille et ton confort. Tu ne comprends pas... Mais tu es belle.

Elle A

Tu m’as pourtant montré ton univers.

Lui

Les créateurs montrent leurs images à tout le monde. Et ils emmerdent tout le monde. Ils sont seuls.

Elle A

Mais moi, j’ai compris tes croyances.

Lui

Elles t’ont divertie parce que tu t’ennuies. Tu as tout et tu ne crois pas en Dieu.

Elle A

Je t’aime.

Lui

C’est bientôt fini ? Tu balances ça comme un compliment ! (Mime une femme.) Madame ôte son manteau de vison et le pose délicatement sur les épaules de son amant.. .L’amour, ça flatte pas.

Elle A

L’amour peut tout. Porter et consoler.

Lui

( Il s’emporte) Rien ne me serait pire qu’une vie consolée ! Je veux ma vie, la mienne, celle qui m’appartient. Et si ma vie est une secousse interminable, elle le sera; si elle est l’accompagnement d’un cri ou d’une bourrasque, elle le sera. Que tous ceux qui voudraient consoler ceux qui veulent pleurer aillent au diable! Ce sont des criminels. Ton amour est un crime, tu serais capable de tenter de me détourner, au nom de l’amour, de ce qui est ma vie même. Laisse-moi ma vie telle qu’elle est. (Il se calme) Ma vie de sapin...(Il monte sur sa chaise, joint les mains et s’étire comme un sapin) N’ai-je pas l’air d’un sapin ? Qui s’élance et s’enracine ? Le sapin mon frère a fière allure,je voudrais lui ressembler. Passer ma vie en sapin...

Elle B

Excusez-moi, vous pourriez être un peuplier aussi ou un cyprès...ou un olivier.

Lui

Oui, oui... (descendant de sa chaise) Mais venez donc à notre table, venez...

Elle B

Avec joie ! (Elle prend ses sacs et s’installe à la table de Elle A et Lui)

Elle A

Et moi ?

Lui

Toi ? On va boire un verre tous les trois, hein ?

 

                                           ********************

   Cette pièce vous intéresse ? i.bournat@hotmail.fr

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